20/06/1473Brno, droit de réponse du chancelier Berka
Genève (AAP) – Suite à la publication de l'article « À Brno, la purge continue » par notre agence des Terres au Milieu le 19 juin 1473, Monsieur Jindřich Berka a exercé son droit de réponse. Il y exprime son indignation face à ce qu'il qualifie de manque flagrant de rigueur et d'objectivité journalistique. Selon lui, l'article est truffé de demi-vérités et de spéculations, offrant une lecture insipide et difficilement digeste. Monsieur Berka, chancelier suprême, dénonce avec véhémence ce qu'il perçoit comme une atteinte à l'intégrité des faits et au respect dû aux lecteurs. Il conclut en espérant, sans grand espoir, une amélioration future de la qualité rédactionnelle de notre agence.
Ligne éditoriale – Agence Acilion Press (agence de la Terre au Milieu) : Chez Acilion Press, nous ne racontons pas des histoires : nous les insufflons dans les veines. Notre ambition ? Captiver, happer, marquer au fer rouge. Nos publications plongent les lecteurs au cœur des Royaumes pour les déstabiliser, les bouleverser, et les inviter à regarder l’univers sous un autre angle - plus intense, plus passionné.
Nos plumes sont capables de provoquer l’obsession, d’arracher l’esprit à son confort pour l’immerger dans une réalité plus âpre, plus vibrante. Chaque mot doit émouvoir, choquer, scandaliser, et surtout laisser une empreinte. Acilion Press n’écrit pas pour plaire. Nous écrivons pour réveiller. Nous remercions Monsieur Berka pour sa prise de parole. En nous répondant avec autant de vigueur, il confirme que nos articles ne laissent pas indifférent.
Brno (AAP) – À Brno, la politique ressemble de plus en plus à une pièce de théâtre jouée en direct dans une salle en feu. Toujours secouée par les remous post-électoraux (et accessoirement par une bonne vieille guerre civile, des brasiers démocratiques et des manuels de droit jetés au feu), la ville entre dans une nouvelle saison de règlements de comptes, sponsorisée par l’incrimination pour "haute trahison" à tarif dégressif.
Depuis le 13 juin, c’est l’opération "tout le monde au trou ou à la caisse". Des dizaines de citoyens - et pas des moindres - ont été cueillis au vol pour trahison en série. Peine standard : 10 jours fermes et jusqu’à 220 écus d’amende, comme s’il s’agissait d’un menu express avec supplément paprika. Dans le panier des inculpés : Coldwitcher, Lilith.macias, Aramie, et autres figures locales.
Qwell, l’ex-meneuse flamboyante à la langue aussi acérée que ses ambitions, avait ouvert le bal dès le 30 mai. Depuis, elle ne cesse d’occuper le devant de la scène en mode phénix populiste, brandissant des appels au "retour à la normalité" et dénonçant dans un manifeste placardé sur l’hôtel de ville des "chefs de bandes criminelles". Ambiance "Libérez Brno !" version tour de guet.
Mais ce n’est pas tout. Dans les tribunes et les couloirs feutrés, ça s’échauffe. Thymia parle d’un climat glacial, non à cause de la froidure, mais du moral. Et pendant que les nouveaux dirigeants patinent sur la glace, Jindřich Berka, plume acérée et nostalgique des grandes heures de la démocratie municipale, balance une tribune au vitriol : Cucalina, l’actuelle élue, serait une inconnue sortie du chapeau, sans passé ni racines - une plante verte parachutée sur les cendres d’une ville sans direction.
Et pendant qu’on traîne les proches de Qwell devant les juges comme des volailles au marché de Zelný trh, les autres - ceux d’en face, bien coiffés et bien placés - semblent avoir trouvé la recette de la Zelňačka. À voir que, dans notre bonne vieille Brno, la justice roule à deux allures : la charrette pleine pour les récalcitrants, et la calèche molle pour les bien en cour. Résultat ? Une ville à cran, des habitants ballottés entre fatigue, peur et envie de bottes aux fesses. Na zdraví !
18/06/1473Navire hollandais coulé : chasse à la capitaine française lancée
Amsterdam (AAP) – La République de Hollande a décrété lundi l’état de siège sur l’ensemble de son territoire après ce que les autorités qualifient de « déclaration de guerre préméditée » de la part de la France. Selon le gouvernement hollandais, un navire de guerre français, La Murène, aurait attaqué et coulé un vaisseau marchand impérial, le Gaia, causant la disparition de plusieurs membres d’équipage, dont la ministre impériale du Commerce, Ifunanya.
L’annonce a été faite lors d’une session d’urgence du conseil d’État à Amsterdam par le chancelier Jan van Amstel. Entouré de gardes armés, il a dénoncé une attaque « lâche et brutale » qui se serait produite à moins de trois milles nautiques des côtes hollandaises. La Murène, commandée par la capitaine Coeur de Gascogne, aurait été repérée stationnant illégalement dans les eaux hollandaises depuis plus de trois semaines, sans autorisation ni communication officielle.
« Ce n’était pas un incident, mais une embuscade », a déclaré le chancelier Jan. « Une déclaration de guerre déguisée en silence. »
Le Gaia, décrit comme un navire pacifique, transportait plusieurs personnalités importantes. Outre Ifunanya, deux autres personnes - identifiées sous les noms de Filomena et Hanf444 - sont toujours portées disparues. Les autorités n’ont donné aucune information sur leur sort à ce stade.
En réponse, la Hollande a pris des mesures drastiques, applicables dès le 17 juin : fermeture totale des frontières aux non-citoyens SRING, interdiction d’entrée dans les ports pour tout navire étranger, et exécution immédiate de tout ressortissant français trouvé sur le sol hollandais à partir de cette date. Les biens de ces personnes seront saisis, et leurs corps exposés dix jours durant aux portes des villes, selon le décret officiel.
Une récompense de 5000 florijnen est par ailleurs promise à quiconque coulera La Murène ou éliminera la capitaine Coeur.
Le chancelier a annoncé qu’il se rendrait personnellement à Strasbourg pour porter l’affaire devant les instances impériales. Il a demandé le soutien immédiat de ses collègues du conseil et de la population hollandaise dans ce qu’il a qualifié de « moment de vérité nationale ».
16/06/1473De l’art de gouverner sans récit. Pour mémoire et sans illusion
Straßbourg (AAP) — Le mois de mai de cette année de grâce 1473 s’est écoulé sans grands tumults, au dire du Conseil Impérial, qui en a rendu compte dans un rapport scellé à Strasbourg le trentième jour du mois. Ce document, d’apparence officielle et rédigé avec toute la correction de style qu’exige la chancellerie, a été publié sous la plume de l’Archichancelier Otello A. Clementi, homme habile dans l’art de parler beaucoup sans jamais dire ce qui compte.
Ce rapport, que j’ai eu le loisir de lire avec attention - et, je le confesse, avec un ennui profond -, énumère sans émotion ni vigueur les mouvements administratifs de la Cour : repos de l’Empereur, gestion intérimaire par la Régente, discussions à la Diète sur des lois concernant les hors-la-loi et autres figures de disgrâce, ainsi qu’un projet de réforme héraldique en Italie.
Il est aussi fait mention d’un tournoi tenu à Strasbourg. Le vainqueur est le prince Lucas d’Irissarri, suivi du duc de Finale Ligure et d’un troisième gentilhomme nommé Orsini. Nulle évocation cependant des joutes elles-mêmes, de la ferveur populaire, des acclamations ou des périls : trois noms jetés comme des chiffres, et l’on passe à autre chose.
Suit un défilé de rubriques dont la sécheresse rivalise avec l’obscurité : diplomatie discrète avec l’Aragon, mission au couronnement du Roi de France, surveillance des fleuves, nouvelle caraque lancée à Gênes, correspondances judiciaires. Tout est dit sans dire. On sent le rapport s’adresser à ceux qui savent déjà, et à personne d’autre.
Pas un nom de simple sujet, pas une anecdote, pas une parole rapportée des provinces. Aucun effort pour faire de ces actions un récit digne d’être entendu. Tout semble décidé entre les murs feutrés d’un Conseil que l’on devine actif mais entièrement replié sur sa propre respiration.
Ce qui frappe dans tout cela, et m’oblige à consigner ici une remarque plus large, c’est l’évanouissement du lien entre le pouvoir et ceux qu’il est censé gouverner. À entendre les hautes sphères, il faudrait s’inquiéter du désintérêt croissant des vivants, de la difficulté de recruter, de la fadeur de l’ardeur civique. Mais que propose-t-on en échange ? Une suite d’actions sans visages, de décisions sans explication, d’événements sans récit.
L’Empire se gouverne comme une maison noble vieillissante : tout y est règle, préséance, titulature, et plus rien n’y est passion, souffle ou incarnation. Le peuple ne voit que la porte fermée. Il ne sait rien, on ne lui dit rien, et l’on s’étonne ensuite qu’il se détourne.
Ce Conseil, qui prétend conduire l’Empire, ne produit rien qui puisse faire vibrer un cœur, éveiller une vocation, rallier les énergies. Il ne suscite ni admiration, ni peur, ni envie. Il agit, sans doute - mais sans audience, sans théâtre, sans musique. Et un pouvoir qui ne se raconte plus cesse, bientôt, d’exister.
Je n’ai jamais cru qu’un peuple fût tenu à la fidélité par la seule inertie des institutions. Il faut qu’il voie. Il faut qu’il entende. Il faut qu’on lui montre ce pour quoi il vit. Faute de quoi, le corps se dessèche, et l’Empire devient un mausolée gouverné par des fantômes.