Genève (AAP) - Le 12 juin 1466 est une date à marquer d'un menhir. Le tarin en guise de proue sous les embruns, Demerco dirige l'entreprise. L'énergumène est grand et costaud. Il arbore les cicatrices des guerres passées. Franchement hirsute, il semble recouvert de poils. Il n'en demeure pas moins Souverain de Bretagne.

Dans les frimas de l'été atlantique, le Grand Duc et ses hommes fondent sur An Gort, un petit hameau de 21 habitants, comptant pour capitale du Cúige Chonnacht, une province d'Irlande ruinée située à l'ouest sur la côte océane. Quatre caraques et une nave de guerre lourdement armées avaient appareillé quelques jours avant, goinfrées jusqu'à ras-bord d'une quarantaine de rudes armoricains. Leur mission : s'emparer à peu de frais de ce finistère abandonné et de ses mines de fer et d'argile.

Sans rencontrer de résistance, les migrants plantent le treff et bivouaquent. Les rares irlandais encore présents sont débordés. Les bretons, installés pour l'occasion, se payent même le luxe d'emporter les élections comtales avec 100% des suffrages : aucune liste d'opposition locale ne s'étant présentée dans ce comté de soixante-et-une âmes et près de 170 000 écus de déficit.

De guerre lasse, on finit par s'entendre : le Cúige Chonnacht sera rendu aux indigènes contre une jolie cargaison de fer et d'argile. Malheur aux vaincus ? Si l'éloge du solipsisme semble être de rigueur dans nos Royaumes avec les effets qu'on lui voit, après la bourrée croate et la balade irlandaise, quelque horde hirsute ou rastaquouère saurait-elle ramener le cul sur terre les esprits des Régnants policés et inconséquents ?


iZaac pour l'AAP agence Meuse, Sâone & Rhône