Genève (AAP) - Parce qu'un peuple sans histoires est un monde sans âme, nous poursuivons la vaste rétrospective des grandes batailles ayant marqué nos royaumes. Aujourd'hui, Rohan-la-bataille.

En ces jours de grande rumeur et de trouble en la terre de Bretagne, plusieurs événements advinrent, dignes d’être mis en mémoire pour que nul n’en ignore la suite ni l’esprit.

Sachez que la ville de Rohan, qui longuement avait tenu pour la cause de sa mairesse Elena Lezoux, dame venue de Clermont en Auvergne et fort estimée de maints Bretons pour sa droiture, fut assaillie par de puissantes compagnies en armes. L’armée nommée Ar Skoed Armorica, menée par Vehuia, chevalier de la Rosa Nera, s’y tenait pour la défense du lieu. Mais grande fut la pression des assaillants, et plus grande encore leur nombre, si bien qu’à la fin, par manque de vivres et de renforts, Vehuia fut contraint de rendre les armes. On conte qu’en la ville même s’étaient levés plus de cinquante rebelles résolus, lesquels abattirent les portes intérieures et chassèrent les gardes fidèles à la mairesse, en sorte que la place fut prise avant que la nuit ne soit avancée.

Les compagnies qui avaient été vues en ces parages, Barback Back, les Brigades Internationales Libertaires, Non Sine Numine, Exercitus Septem Ensium, les Nudistes Enragés et la troupe dite Irmageddon, étaient toutes rassemblées autour de Rohan, et nullement à Rennes ainsi qu’il avait été d’abord rapporté par des messagers trop prompts.

Or à Rennes, la situation demeure périlleuse, mais non sanglante. La ville n’a point été attaquée d’assaut ; toutefois elle se voit tenue en un étroit blocus. Plusieurs armées y sont campées, dont celle de la connétable Nessia, dame très respectée en maints duchés. Les assiégeants attendent l’instant propice, sans vouloir rompre la paix des murailles par entreprise téméraire, car Rennes est grand centre de pouvoir, et maints seigneurs craignent la perte de ses habitants.

Quant à Vannes, il appert que la cité demeure libre et fidèle à son maire breton. Nulle armée étrangère n’y est entrée, ni n’y a établi commandement. La ville se garde elle-même et n’a point été troublée par le tumulte alentour.

À Saint-Brieuc, quelques jours auparavant, de hardis capitaines français avaient empêché que se forme une nouvelle compagnie en armes, ce qui évita grand effusion de sang. À Rieux, les hommes d’Anjou tiennent toujours camp, sans s’avancer ni se retirer, comme s’ils hésitaient sur leur fortune.

Or il court en Bretagne grand murmure : plusieurs affirment que la reine Zulma fut vue, un soir discret, parlant avec les seigneurs Edoran et Jehan. Cette vision fit lever bien des sourcils parmi le peuple, qui s’en étonne encore, et certains parmi les chevaliers murmurent qu’il pourrait s’agir de tractations secrètes. Nul toutefois ne connaît le vrai de l’affaire, car ceux qui en furent témoins n’osent en dire trop, et ceux qui en furent acteurs gardent le silence.

Voilà l’état des choses en ce mois de novembre. Une ville prise, une capitale encerclée, des alliances mouvantes, et la Bretagne toute entière suspendue aux volontés des princes comme d’une toile dont chaque fil menace de rompre.

À suivre : Rieux ville prise
À lire : sang, fer et flammes dans la Manche
Et à relire : les mâts brisés de Guyenne
À relire : le bouillon de Gibraltar
À relire : À l'ouest, caprices d’Éole et fortunes de mer
À relire : la Queste du Grand Khan
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À relire : la terrible et funeste Bataille du Pont de Cé
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À relire : la bataille de la grosse Rouste
À relire : la bataille de Reims


Jean Froissart pour l'AAP agence des terres au Milieu.

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