À Sienne (AAP) - Ce qu’on conte en Italie ne sent point le lys ni la myrrhe : c’est l’odeur forte des écuries qu’on n’a point curées depuis des lunes. Les gens du Royaume des Deux-Siciles et ceux de la Sérénissime de Venise, las de flairer la puanteur, menacent à présent de venir balayer le fumier eux-mêmes, tant l’Empereur s’en accommode avec l’aisance d’un pourceau au bain.

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Tout commença lorsque les émissaires du Royaume s’avisèrent que, dans les faubourgs de Sienne et de Santa Fiora, pullulaient des bandes fort peu aristotéliciennes : Ordo Negrum Equites, Meridio, et autres compagnies d’ombres, semant le trouble et l’injure. Le Royaume requit main ferme et clair discernement ; l’Empereur Sigismondo répondit par l’envoi de mercenaires, ces ténébreux de la Dark Brotherhood. Mais, foi de chroniqueur, il ne les manda point pour apaiser la frontière non, mais pour retenir les Napolitains d’y mettre bon ordre ! Ainsi voit-on un souverain jouer au chirurgien : il ouvre la plaie et s’en félicite.

N’oublions pas que ce même Empereur fut élu par miracle, un vote si parfait qu’il fit rougir les saints du calendrier. Depuis, il jure haine au Royaume des Deux-Siciles, tendresse pour les marchands du Nord, et indulgence sans bornes pour les trublions de ONE et Meridio. Certains à la cour disent qu’il fit serment “de briser Naples et d’embrasser les intrigants” et l’on sait qu’il tient parole, au moins sur la seconde moitié.

Voyez plutôt la farandole de ses nouveaux conseillers : Jean de Brabant, monté au Conseil comme d’autres sur la table d’une taverne ; Clovis, dit le Scorpion de Sel, jadis fléau des mers, aujourd’hui gracié et promu, preuve que le poison plaît à la cour ; le duc de Styrie, qui implorait jadis Venise, devenu soudain chantre des séditieux ; et Striborgetoriks, prince de Celje, dont la fidélité varie avec la marée. À cette messe des ambitieux s’ajoutent de nouveaux pèlerins : Irys_, Bessie_, et toute la confrérie des amis de l'Ordo Negrum Equites, descendus à Sienne comme corbeaux sur charogne.

En la place publique de Sienne, on n’entend plus prières ni harangues, mais rumeurs, moqueries et obscénités. La Dame de Sienne, femme d’honneur et d’esprit, est désormais jetée aux sarcasmes : des mots si bas que même les taverniers en rougissent.
Et les gardes impériaux ? Nul ne bouge. Car au palais, la grossièreté passe pour liberté, et la diffamation pour art de gouvernement.

Pour parfaire la farce, Sa Majesté a dissous la Cour d’Appel des Provinces Italiennes, jadis rempart du droit, et l’a remplacée par des juges taillés dans son ombre. Ainsi, les coquins de l'Ordo et des Meridio, condamnés aujourd’hui, seront demain blanchis comme linge d’église. On dit que le sceau impérial sert désormais de savon.

Venise, patiente comme le lion avant la chasse, grogne pourtant. Le Doge l’a dit haut : “Si l’Empire ne nettoie point ses écuries, nous ferons le ménage à sa place.” Et le Royaume des Deux-Siciles, plus prompt que diplomate, aiguise déjà ses piques.
Car lorsque le trône se fait latrine, chacun redoute que la pestilence gagne son propre domaine.

Quand un prince s’amuse à jouer avec la fange, il finit toujours par glisser dedans. Et si l’on ne hâte la serpillière, les écuries de Sienne deviendront le nouveau symbole d’un Empire qui se parfume à la corruption. “Tale signore, tale mosca.” (Proverbe de taverne siennoise).


La Nonne Rouge pour l'AAP agence des Terres au Milieu.

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