À Coimbra (AAP) - Après avoir vu la Couronne trébucher à Leiria, la Reine blessée à Alcobaça, et le général Dunlop assiégé à Guarda, il fallait bien un dernier acte à ce grand opéra royal. Le rideau s’est levé cette semaine : les rebelles de Coimbra ont pris la scène d’assaut, et c’est par charriot entier qu’ils livrent désormais leurs captifs aux geôles du royaume.

Madame Mrsgod, juge de Coimbra et terreur des loyalistes, orchestre ce qu’elle appelle pudiquement “la remise en ordre judiciaire”. Dans les faits, cela ressemble davantage à un inventaire de cimetière administratif : une procession de noms, tous précédés du même verdict : dix jours au trou. Traduction libre : “vous avez eu le tort d’être du mauvais côté de la bannière”.

À compter : zéro + zéro = la tête à toto

Les caves du Contado débordent d’anciens notables, généraux déchus, courtisans égarés et braves sujets de la Reine désormais rangés sous l’étiquette “ennemi royal”. À Lisbonne, c'est silence clocher. Les porte-plumes du palais évitent soigneusement le mot “défaite”, lui préférant “restructuration de l’autorité”. D’après un proche de la Reine (qui préfère garder l’anonymat et sa tête), “tout va bien, nous avons choisi une stratégie d’économie d’effectifs”. Effectivement : ils sont désormais presque tous économisés… en prison.

Les verdicts tombent plus vite que les feuilles en automne. On juge, on signe, on enferme. Les rebelles appellent cela “rendre au peuple ce qu’on lui avait pris”, les royalistes, eux, parlent plutôt de “rendre au peuple ce qu’il n’avait pas demandé”. Le Royaume découvre avec émotion que la démocratie centripète, quand elle s’énerve, peut manier le bâton aussi bien que le sceptre.

Six mois et demi après son couronnement, la Reine de Lisbonne voit son royaume lui filer entre les doigts comme sable dans un sablier royal. Le “royaume uni” ressemble de plus en plus à une carte de puzzle qu’on aurait rangée à coups de marteau. Quand la Couronne titube, c’est toujours la justice qui ramasse les morceaux et parfois, les gens avec.

Dans les geôles de Coimbra, les rats font de la place. On dit qu’ils votent déjà pour Mrsgod au prochain scrutin monarchique.

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Gaspard de la Goupille dit Gégé, pour l'AAP agence Meuse, Saône et Rhône.

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