Straßbourg (AAP) — 29 avril 1473. Dans les couloirs feutrés du pouvoir impérial, une missive a fait l’effet d’un éclair silencieux. Caro Compalite, Prévôt Impériale, y annonce, sans un mot de plus, la destitution de Scarpetta, cheffe du Service de Renseignement Impérial. Sans procès, sans justification. Un ton sec, militaire, presque mécanique. Le poste est déclaré vacant. La sécurité de l’Empire, soudain suspendue à une procédure de recrutement ouverte comme si l’intelligence impériale se recrutait à l’appel public.

Strasbourg, 5 mai 1473. À peine une semaine plus tard, un nouveau nom surgit : James. Originaire de Belley, en Savoie. Aucun titre, aucun antécédent connu. Seulement un prénom, glissé dans une seconde proclamation officielle, plus protocolaire que solennelle. Une transition sans panache, presque anonyme.

Mais alors… qui était vraiment Scarpetta ? Et pourquoi ce silence autour de son départ ?

Images d’archives ? Des lettres, manuscrites et cryptées. Une signature en gothique flamboyant : Scarpetta Auersperg-Turjaški, « Drago del sole ». Une lignée noble. Des racines à Celje, des campagnes en Croatie, un exil à Piombino. Elle se dit veuve, guerrière, voyageuse. Elle se dit vraie. Son histoire, elle la chante en italien ancien, entre bravoure et mélancolie.

Certains disent qu’elle fut redoutée. D’autres, admirée. D’aucuns murmurent qu’elle savait trop. Ses mots, laissés comme des fragments de mémoires : « Il momento è arrivato… le mie scarpe vagabonde vogliono vedere nuovi posti. » Le moment est venu… mes chaussures vagabondes veulent découvrir de nouveaux lieux. Elle est partie, sans fracas, mais non sans énigmes. Une lettre au sceau impérial brisé. Une dague posée sur un bureau vide. Un loup solitaire traversant un champ enneigé.

Derrière les ors de l’Empire, les ombres bougent encore. La nomination de James ne clôt pas une page : elle en ouvre une autre, plus trouble. La vérité ? Peut-être quelque part entre les lignes. Et Scarpetta ? N’est-ce pas elle qui écrivait : « Non mi piacciono le persone superficiali… » Je n'aime pas les personnes superficielles...


Etienne Berne pour l'AAP agence Meuse, Saône et Rhône.

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