Genève (AAP) — Au pied du majestueux Rocher de Gibraltar, ce titan calcaire sculpté par le temps et les légendes, se joua une scène digne des récits antiques et des drames homériques. Le 17 janvier 1473, les eaux du détroit, capricieuses et insondables, furent le théâtre d’un combat épique entre la flotte française, en quête de victoire, et les clans irlandais, porteurs du glaive implacable des vents du large.

Le Rocher, cette sentinelle minérale qui semble veiller sur l’histoire des hommes avec une sérénité inébranlable, assistait à l’arrivée des cinq caraques françaises : « La Louve Noire » du Capitaine Zeramando, sombre et menaçante, la « Couronne » du Capitaine Martin Lainez, éclatante d’orgueil, « Lo Lengadocian » barrée par Jefflebarde, solide et fidèle, la « Raptor » du Capitaine Didier de Sars, rapide comme le faucon, et « Le Grand Coureur » du Capitaine Merer, dont le nom promettait l’espoir de l’évasion. Ces fiers navires ne savaient pas que le destin, ce maître des vagues, avait déjà scellé leur sort.

Soudain, du nord surgit l’armada des clans irlandais, leurs navires tels des spectres rugissants, chantaient avec les flots en une symphonie de fureur et de bois craquant. Le choc est brutal. Des boulets éclatèrent les coques, les mâts s’effondrèrent comme des géants abattus, et les vagues, rouges de sang, engloutirent les rêves d'Odyssée. « La Louve Noire » s’effondra sous le rugissement des canons. La « Couronne », frappée au cœur, sombra dans un ultime éclat doré. « Lo Lengadocian » et la « Raptor » luttèrent en vain, et « Le Grand Coureur », dans un dernier sursaut d’orgueil, fut consumé par les flammes avant de disparaître dans les abysses.

Quand le silence retomba sur la mer dévastée, il ne restait que le murmure des flots et les épaves flottantes, comme les restes d’un festin dont Neptune lui-même se serait repu. Le Rocher, immobile et souverain, semblait contempler cette tragédie avec une indifférence majestueuse, comme s’il méditait sur les ambitions humaines.

Mais sur ses hauteurs, une autre scène se jouait. Les macaques berbères, ces singuliers petits habitants du Rocher, étaient rassemblés en public captivé comme au théâtre. Assis en rangs désordonnés, ils observaient ce tumulte marin. Et lorsque les derniers navires sombrèrent dans un ultime éclat, un vacarme éclata sur les hauteurs : un tonnerre d’applaudissements simiesques, des cris et des sifflements comme pour saluer le grand spectacle que leur offrait la mer.

Le plus vieux macaque, assis sur le promontoire, leva ses pattes avec gravité et déclama en silence, du haut de son regard scrutateur, une maxime que l’Aristotélité n’entendrait jamais : « Fais passer le pop corn ! »

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Guillaume Remuepoire pour l'AAP agence des terres au Milieu.

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