Un peu de folie en ce monde, la série bouffonne pas du tout assumée par le Rédacteur en chef, qui précise que l'AAP est ouverte à une pluralité d'opinions et se fera un plaisir de vous laisser exercer votre droit de réponse si vous vous sentez offensés par cet humour angevin à grelots.

Paris (AAP) - Alors que le Royaume de France s'apprête à couronner son régnant, un mal ancien que d'aucuns pensaient éradiqué fait son grand retour pour perturber la vie des grandes et petites gens. Une maladie terrible qui avait fait bien des ravages lors de son apparition en 1458 et contaminé la plupart des habitants de la ville de Saint-Aignan, dans le duché du Berry.

Cette maladie était apparue au grand jour alors que la brune Ysandre de Mistra, duchesse de Chantôme, une des vassales du Berry, était arrivée en taverne en arborant soudainement une nouvelle chevelure blonde. Si au début, chacun avait cru à un nouveau baume ou onguent – d'une réclame de la marque L'Or & Hâle – la population locale avait vite déchanté une fois que toutes les personnes au contact de la duchesse s'étaient retrouvées aussi blondes que les blés. Devant un tel raz de marée de têtes blondes, la maladie avait fort intelligemment été baptisée « blondinite ». « Je m'en souviens comme si c'était il y a quinze ans ! » nous déclare cette dame édentée visiblement un peu moins jeune qu'à l'époque. « Cette maladie m'avait donné la chevelure soyeuse et éclatante comme le soleil à midi, mais de viles femmes malintentionnées m'avaient reproché d'allumer mon entourage ! ». Alors que le Berry tremble encore au souvenir de la terrible maladie, la Touraine n'avait pas été épargnée. « Je me rappelle encore de cette donzelle, là. Une pauvre fille de la bande des Zokos – Zoko ad aeternam, dirigée par feu Maleus – qui avait refusé de respecter la quarantaine et apporté la maladie à Loches ! Mizamar qu'elle s'appelait. Ou Mimaraz. Un nom de ce genre. » nous explique la taulière de la taverne « La belle paire de Loches ». La maladie avait sévit quelque temps dans les environs, avant de s'éteindre par elle-même après une période de quarantaine.

Mais pourquoi rappeler d'aussi anciens souvenirs ? La raison est bien simple. Ce sept octobre 1472, la maladie semble avoir fait un grand retour en force dans les Royaumes, apparue subitement durant la nuit. Alors que la plupart des sujets du Royaume de France se sont réveillés sans raison avec la tignasse blonde, des scènes de liesse tout comme de crise ont pu être aperçues dans les rues et les campagnes. « Je vais enfin pouvoir allum... heu... illuminer mon entourage ! » nous déclare cette jeune femme avant de réajuster son corset de façon plus avantageuse et de courir à la taverne la plus proche. Une vraie blonde, visiblement irritée de la situation témoigne : « C'est toutes des jalouses ! Seules les vraies blondes savent ! », juste avant de gifler une autre vraie blonde en représailles. Un homme blond, vraisemblablement d'expérience nous raconte : « Oui, oh, vous savez, être blond, c'est un art de vivre. Certains vont vite déchanter ! ». Côté déceptions, une charmante ancienne brune au physique avenant nous détaille son avis : « Avec tant de lumière, j'ai perdu ce délicieux coté mystérieux qui allait si bien avec la blancheur de ma peau. Maintenant, je ressemble à une fausse blonde rembourrée... À défaut, j'aurais préféré finir rousse. C'est sûr, je vais perdre des clients ! ».

Pour mieux comprendre la situation, nous avons invité messire Luc de Montalenvert, notre expert en blondinite, afin qu'il nous explique les causes et conséquences de cette maladie. « Ah, la blondinite. C'est un mal terrible. Très contagieux. Qui rend les gens blonds. » Alors que notre expert empoche son cachet pour son intervention très éclairante, des rumeurs courraient comme quoi une certaine Miramaz Marchant, Grande Prévôt de France serait en ce moment même enfermée dans une geôle du château de Bourges pendant que le conflit entre le Berry et le Royaume de France est au point mort. Messire Luc de Montalenvert, notre expert en épidémiologie dans les zones de conflit berrichonnes nous explique alors : « C'est bien simple. La dénommée Miramaz semble être la personne ayant propagé la blondinite depuis le Berry vers la Touraine, il y a quatorze années et demies. Nul doute qu'elle est revenue sur les lieux de son méfait pour à nouveau engendrer une épidémie. Répandre une maladie au milieu d'une zone de combat, il n'y a rien de plus efficace pour toucher le plus de monde possible. » Alors que nous faisons remarquer qu'il paraît difficile à une personne emprisonnée de propager un mal tel que la blondinite partout dans le Royaume de France et ses voisins, notre expert en monétisation des expertises sur le tas se rappelle à notre bon souvenir en demandant une rallonge sur son tarif demi-horaire.

Bien que la maladie semble avoir disparu au cours de la journée aussi subitement qu'elle était apparue, d'aucuns se demandent encore ce qui a pu se passer. Malheureusement, il est probable que nul ne le saura jamais. Jusqu'à la prochaine épidémie ?

Alfred555, pour l'AAP.

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