Genève (AAP) - Parce qu'un peuple sans histoires est un monde sans âme, nous poursuivons la vaste rétrospective des grandes batailles ayant marqué nos royaumes. Aujourd'hui, le sac du Veneto un été de grandes chaleurs. Les contributions à venir sont les bienvenues.

L’an de grâce 1464, se fit grande réjouissance à Venise, lors même que les esprits se troublaient ailleurs, et les flammes de la guerre embrasaient l’Orient de l’Empire. Au cœur du royaume de Pologne, en ces mois passés, les villes de Cracovie et d’Oświęcim furent cruellement pillées par les troupes sans foi ni loi du capitaine Sean von Frundsberg, un lansquenet féroce et hardi.

Or, à la fin du mois de juin, les hommes du condottiere vénitien, qui, contre toute apparence, n’était point natif de Venise, quittèrent enfin les terres polonaises. En leur sillage, ils laissèrent cendres et désolation, emportant avec eux quelques milliers de złoty et la satisfaction, toute vénitienne, du devoir accompli. Toutefois, certains, malheureux en leur sort, furent capturés par les forces de la couronne de Cracovie et condamnés à de brèves peines de captivité. Mais plus cruellement encore frappa l’épée de Justice la dame Elera Lanckorońska, noble dame égarée de son devoir envers la patrie après la rébellion de Nowy Targ. Accusée de trahison pour avoir marchandé sa loyauté aux routiers italiens, elle fut livrée à la sentence implacable par Frundsberg lui-même, dans l’espoir de sauver ses hommes faits prisonniers. Elle périt donc en place publique, telle que nous l’apprîmes par un chevalier polonais instruit de l’affaire.

Mais les Polonais, forts de leur colère et de leur soif de revanche, ne se tinrent point en repos. Le huitième jour d’août, une troupe hardie, nommée "l’Armée de Nowy Targ" et conduite par le capitaine Noriel, franchit les frontières du Veneto. Alliés à des spadassins de mauvaise réputation, adeptes d’une secte hérétique dite de "l’Église de la Bête Innommable", ils s’abattirent sur Portogruaro, prenant de court les autorités de la Sérénissime République. Les premiers assauts ne scellèrent point encore le sort de la cité. Une vingtaine de soldats polonais, marqués d’un étrange onguent de cerises, se retranchèrent et résistèrent aux coups répétés des forces vénitiennes, avant de fondre sur Trévise.

Pendant ce temps, le capitaine Frundsberg, tout gonflé d’amertume, accusait les gouvernants vénitiens de négligence et d’incurie, mais le Doge, en réponse courroucée, le renvoya à ses propres manquements dans cette calamité.

La République, prudente, avait pourtant dès le début de l’été scellé ses frontières en entendant de nouvelles funestes : l’Ordre des Chevaliers Noirs, les Negrum Equites, avait entrepris une grande chevauchée en Bosnie. Sous la bannière du royaume de Serbie, ces redoutables écumeurs répandaient le sang et la terreur, bien décidés à purger le sol serbe des troupes siciliennes qui y séjournaient malgré la paix fragile conclue entre la majestueuse Ayla Nejla Dalia Sforza, reine des Deux-Siciles, et le noble Veliki Odi Kosača, roi de Bosnie. La guerre reprit, précipitant l’Ordre des Écorcheurs dans une lutte acharnée contre les Siciliens. L’armée de Sicile fut anéantie, et les tambours de la guerre retentirent jusqu’aux portes de l’Italie. Si l’intervention de l’Empereur, garantissant son soutien indéfectible aux alliés de la péninsule, ramena un certain calme dans les Balkans en ce mois d’août, la Sérénissime se retrouva elle fort démunie face aux Polonais.

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Jean Froissart pour l'AAP agence des terres au Milieu

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