Genève (AAP) - Parce qu'un peuple sans histoires est un monde sans âme, nous poursuivons la vaste rétrospective des grandes batailles ayant marqué nos royaumes. Aujourd'hui, la terrible et funeste Bataille du Pont de Cé, au mois d'avril 1464. Les contributions à venir sont les bienvenues.

En ce temps-là, où les malheurs s’abattaient comme la pluie d’automne sur le royaume de France, se déroula la funeste et mémorable Bataille du Pont de Cé, qui mit en émoi toutes les terres et troubla les esprits jusque dans les plus hautes tours des châteaux royaux. Il advint que les années 1463 et 1464 furent marquées par des incursions dévastatrices menées par les Armées Angevines en Touraine, en Maine et en Alençon, terres jadis paisibles, mais désormais ravagées par la guerre.

Le Roy de France, en sa majesté, fit promesse de châtier durement cette province rénégate qui osait défier la Couronne. Ainsi, en avril de cette fatale année, six armées, après de longues et habiles manœuvres, prirent position en Maine et en Touraine, avançant comme une tempête déchaînée. Craon, La Flèche, Saumur, et même les riches mines d’or, de pierre et de fer tombèrent sans résistance sous le joug royal, car nul ne se trouvait en mesure de leur tenir tête.

Toutefois, Angers, capitale de l’Anjou, se préparait au siège. Ses défenseurs, en nombre, quittèrent les villes et campagnes environnantes, rassemblant tout ce qu’ils pouvaient pour faire face à l’assaut imminent. L’Archiduché avait pris soin de positionner ses troupes hors des murailles, s’appuyant sur des fortifications solides, défiant ainsi le Roy à un combat frontal avant que le siège puisse débuter.

Les armées royales, victorieux sans bataille, se trouvèrent dans un dilemme. Assiéger Angers sans d’abord affronter ces forces redoutables était impensable. Après un retrait stratégique pour renforcer leurs positions et assurer les vivres nécessaires, les troupes royales avancèrent de nouveau à travers la campagne angevine, conscientes que leurs forces, en provenance de Laval, du Mans et de Chinon, ne pourraient se joindre qu’en un point stratégique : le Pont de Cé, ce passage crucial sur la Loire à quelques lieues d’Angers.

Face à elles, les Angevins alignaient trois armées. Deux de ces armées étaient composées majoritairement de Compagnies, ces troupes d’élite et mercenaires qui constituaient la pointe de l’assaut de l’Archiduché. La troisième armée, formée d’habitants locaux et de nobles angevins, avait la charge de l’artillerie, qu’ils positionnèrent sur une île au milieu du pont, espérant ainsi attirer les forces royales et les écraser sous leur feu.

Lorsque les armées du Roy s’engagèrent sur le pont, elles ignorèrent la feinte et se ruèrent contre les lansquenets de Saint-Aubin, mais furent prises à revers par l’artillerie angevine, qui les frappa durement, arrêtant net leur avance. Au second assaut, bien que les armées royales se battissent avec la plus grande ardeur pour percer les lignes ennemies, elles ne parvinrent pas à emporter la décision, tant les pertes furent lourdes de part et d’autre.

À l’aube du troisième assaut, alors que l’artillerie angevine, affaiblie mais résolue, était soutenue par les Compagnies avancées avec peine, les forces royales, menées par une charge de cavalerie lourde, se précipitèrent à nouveau. Mais la déroute fut totale. Les couleuvrines brisèrent la charge, et dans la confusion qui s’ensuivit, les troupes du Roy, le Dauphin, la Grande Amazone, et une grande part de la noblesse, furent anéanties par les forces archiducales. Les Compagnies, saisissant leur chance, repoussèrent dans un bain de sang ce dernier espoir royal d’emporter la bataille.

Ainsi se clôtura la terrible bataille du Pont de Cé, après trois assauts infructueux, laissant derrière elle près d’un tiers des soldats de France gisant sur le champ de bataille, et forçant les armées royales à un humiliant repli hors des terres angevines. Deux cent cinquante combattants arborant le Lys ne purent venir à bout de cent cinquante guerriers angevins, et le désarroi qui s’ensuivit demeure encore palpable dans le cœur de tous ceux qui servent la Couronne.

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Jean Froissart pour l'AAP agence des terres au Milieu

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