Genève (AAP) - Parce qu'un peuple sans histoires est un monde sans âme, nous poursuivons la vaste rétrospective des grandes batailles ayant marqué nos royaumes. Après la bataille de Dole, après la bataille de Chalon, nous vous présentons aujourd'hui les batailles de la guerre de Genève et de Savoie du 11 décembre 1458 au 11 juin 1459.
En l'an de grâce mil quatre cent cinquante-huit, au onzième jour du mois de décembre, la République de Genève, en grande fierté et résolution, déclara la guerre au puissant Duché de Savoie par une ordonnance officielle de l'avoyer Tatoumi. Cette déclaration, en des termes forts et accusateurs, marqua le commencement d'une série d'événements tumultueux et belliqueux.
L'ordonnance de l'Avoyer
« Portant déclaration de guerre contre le Duc de Savoie.
Du Onze décembre Quatorze Cent Cinquante Huit.
De par le peuple de Genève.
Toute l’Aristotélité sait que le duc de Savoie a été l’agresseur d'honorables Genevois, sur la route entre Annecy et Chambéry ce mois de juin 1458 et jusque ce mois de novembre 1458, et qu'il a exercé contre eux les hostilités les plus barbares.
Le peuple de Genève, justement offensé de l’insulte faite à sa cité, n'a suspendu pendant vingt semaines les effets de son ressentiment, & ce qu’il devoit à sa dignité, que par crainte d’exposer aux malheurs d’une nouvelle guerre.
C’est dans une vue si salutaire que le peuple de Genève n’a d’abord opposé aux procédés injurieux de la Savoie, que la conduite la plus modérée et la plus noble.
Tandis que la soi-disante justice de Savoie enlevoit par les violences les plus odieuses, & quelquefois les plus lâches artifices, la liberté de nos deux combourgeois déjà molestés et agonisants, un vil aventurier mandaté par l'indigne gouvernement de Chambéry s’était emparé des caisses de notre cité et tentait lâchement d'occire son légitime avoyer au début de l'été.
Tandis que la Savoie traitait avec la plus grande dureté les combourgeois genevois engeolés, & qu’on méprisaient à leur égard les bornes évidentes que la loi naturelle & l’humanité ont prescrites aux diverses nations de l'Aristotélicité et du reste du monde, même durant les plus rigoureuses des guerres, les Savoyards voyageaient & habitaient librement chez nous sous la protection des égards que les Peuples civilisés se doivent réciproquement.
Tandis que les Ministres de Savoie, sous l’apparence de la bonne foi, imposaient ses stériles bavardages à l’Ambassadeur du peuple de Genève par des fausses protestations, on exécutait déjà les assurances d'une prompte et prochaine conciliation.
Tandis que la Cour de Chambéry épuisait l’art de l’intrigue et éloignait toujours davantage une vraie paix entre voisins, Genève tentoient mille et une conciliations à l'avantage et l'honneur des deux parties.
Telle a été la conduite des deux Nations. Le contraste frappant de leurs procédés doit convaincre toute l’Aristotélité des vues de jalousie, d’ambition & de cupidité qui animent l’une, & des principes d’honneur, de justice & de modération sur lesquels l’autre se conduit.
Le peuple de Genève avoit espéré que le Duc des Savoyards ne consultant enfin que les règles de l’équité, & les intérêts de sa propre gloire, desavouerait les excès scandaleux ausquels ses Officiers ne cessoient de se porter. Il est à craindre que les dits-excès l'aient habitué à ne considérer que les pires violences comme moyen normal pour atteindre ses buts.
Le Duc des Savoyards ayant rejeté le plus grand bon sens et avancé des faits dont la supposition ne peut pas même être colorées par les apparences les moins spécieuses, le Peuple de Genève ne vit dans ce refus que la Déclaration de guerre la plus authentique.
Ordonne & enjoint de courir sus au Duc des Savoyards et à sa cour, à travers sa personne, ses titres, propriétés, fiefs et territoires, manants et sujets -y résident ou non-, alliés, amis et familiers, parents et enfants, et ce jusqu'à ce qu'il vienne à résipiscence en toute bonne et sincère humilité et remord de ses péchés contre les valeurs aristotéliciennes qu'il a bafoué jusque-là .
Fait à Genève le onze décembre quatorze cent cent cinquante-huit.
Par le conseil de la République souveraine de Genève,
Signé, Tatoumi, Avoyer de la République de Genève. »
Le dix-neuvième jour de décembre de la même année, les armées genevoises, par une stratégie ingénieuse et une vaillance exemplaires, investirent la ville d'Annecy. La cité tomba rapidement sous leur contrôle, marquant une victoire éclatante pour Genève. Toutefois, la situation en Savoie était loin d'être paisible, et les troubles continuèrent à s'intensifier.
Au trente-et-unième jour du mois de décembre, le Saint Empire se trouva sous une nouvelle égide. SMI Alveran fut élu Saint Empereur, un événement de grande importance qui résonna à travers toute l'Europe car tout l'Empire se leva alors contre la petite République helvétique.
L'an 1459 et les Tempêtes de la Guerre
Les tensions restèrent hautes, et le dix-neuvième jour de janvier, les troupes impériales, déterminées à reconquérir leurs terres, reprirent Annecy des mains genevoises. Hélas, la ville de Genève elle-même ne fut pas épargnée. Le vingt-septième jour de janvier, les forces du cardinal MrGroar, après de durs combats, s'emparèrent de Genève et placèrent la ville sous l'autorité directe de l'Église de Rome, une action qui changea radicalement la gouvernance de la cité.
Février vit des jours sombres et violents pour les régions environnantes. Les troupes genevoises, en représailles et en quête de pillage, ravagèrent Belley et Saint-Claude, et tentèrent de piller Chambéry. Le vingt-troisième jour de ce mois, les armées savoyardes et franc-comtoises se retirèrent de Genève, laissant derrière elles des terres dévastées.
Une lueur d'espoir apparut le douzième jour de mars lorsque le Duché de Savoie et la République de Genève signèrent une trêve. Pourtant, la paix resta éphémère. Le seizième jour de mars, la bataille de Sion se déroula. L'armée genevoise, commandée par le vaillant Cendres, triompha de l'armée croisée romaine menée par le capitaine Namaycush, dernier protecteur du cardinal MrGroar. Genève fut rapidement reprise par ses citoyens quelques jours après cette victoire retentissante.
La Venue des Ordres Teutonique et du Tau
Mais la paix ne fut point durable. Le septième jour de juin, les armées de l'Ordre Teutonique et de l'Ordre du Tau, sous la direction du Grand Maître Makcimus et de Monseigneur l'évêque Tibère de Montefeltro, envahirent le canton de Genève. Leur objectif proclamé était d'éradiquer l'hérésie réformée et d'anéantir les bannières genevoises dirigées par les capitaines Thoros de Myr et Edward Teach. Les défenseurs genevois, incluant la milice locale, l'armée de l'Edelweiss, et la Sicut Aquila fribourgeoise, se préparèrent à défendre leurs murs avec acharnement. Michel Blair, capitaine de la Sicut Aquila, périt en combat après avoir vengé sa sœur.
Le dixième jour de juin, devant Genève, se déroula la bataille de la grosse Rouste. Les armées croisées y furent sévèrement battues par les vaillants suisses. Le carnage fut immense, comptant plus de soixante victimes. Les deux capitaines de l'Église tombèrent mortellement blessés et leurs forces furent en déroute.
Le lendemain, au onzième jour de juin, le capitaine Wahl de l'armée des Bocans mena une chevauchée éclatante, anéantissant une armée bretonne venue en renfort, lors de la bataille du col de la Faucille en terre franc-comtoise. Tout l'Empire en resta coi et on ne les y reprit plus à venir taquiner les Genevois.
À lire pendant l'été De la guerre de Savoie et L'Empire contre-attaque
Jean Froissart pour l'AAP agence des terres au Milieu
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