Paris (AAP) - C'est un véritable scandale qui agite le marché de l'emploi dans nos provinces françaises. Le Revenu Minimum Interduchés, plus communément appelé RMI, a fait l'objet de nombreuses dénonciations qui ont fini par atteindre les oreilles des plus hautes sphères du Royaume. Après de nombreuses demandes de saisine, la Reine de France a enfin décidé de statuer : le RMI est à présent illégal.

Pourquoi ? Nous ignorons si notre lecteur a déjà fait l'expérience d'une journée, ou plus, au RMI. Pour la science et pour l'information, votre serviteur s'est plié à l'exercice et a sacrifié quelques journées de sa vie pour en apprendre davantage. Prévenu que nous étions que nous serions payé un salaire de misère afin d'exercer des tâches fastidieuses, dégradantes et hautement inutiles, nous avons pu comprendre, avec une horreur indicible, que l'ignominie d'un tel labeur allait beaucoup plus loin que ce que nous soupçonnions.

Il y a bien sûr les dégâts humains. Travailler toute une journée pour cinq écus seulement : comment est-il possible que cela soit si longtemps resté légal, alors que de nombreuses mairies ont toujours considéré un salaire inférieur à douze écus comme de l'esclavage ? Or, ici, ce ne sont pas les particuliers qui payent, mais bien les comtés ou duchés. Nous touchons là du doigt l'un des aspects les plus scandaleux de l'affaire : au lieu d'investir cet argent pour entretenir les mines et verser un salaire décent aux habitants, les provinces faisaient des économies honteuses, d'un cynisme effroyable, dans cette scabreuse institution qu'était le RMI, ce Réseau Monstrueusement Indécent.

Mais le pire, le pire... Et notre plume tremble quand nous écrivons ces mots – heureusement, cet article est imprimé –, le pire, disions-nous... Le pire était la nature des tâches demandées aux travailleurs du RMI. Les dégâts humains que nous évoquions ne sont rien au regard des dégâts sur des millions de cailloux innocents. L'absurdité de l'intitulé de certaines tâches, comme le travail de consultant en consulting auprès d'une grande multinationale française de management en import/export de cailloux, dissimulait, sous ce charabia, le sombre blanchissement d'un trafic interduché de cailloux et d'une exploitation débridée de ces innocentes litho-créatures du Très-Haut. Arrachés à leur famille, à leur milieu naturel, à leur dignité, les cailloux naturellement présents dans le sol de leur région étaient désenfouis afin de les utiliser pour le pavage de petites rues, et condamnés à être écrasés, chaque jour, par des milliers de souliers et de pieds sales. Pis, ils étaient ensuite réenfouis afin que les trajets en carrosse des grandes personnalités de la région soient plus agréables, étouffant sous la terre et le crottin de cheval, loin de leur foyer, au mépris de tout bon sens et de tout droit commun ! Mais, et c'est là le plus glaçant, avant de connaître ce triste sort, ils étaient triés en deux catégories : d'une part les gros cailloux, destinés à être enfouis, et d'autre part les petits cailloux, destinés à être brisés au marteau. Nous ne parlons ni plus ni moins de l'institutionnalisation du meurtre à grande échelle de millions de cailloux français avec élimination systématique des plus jeunes.

Un tel scandale n'a pas manqué d'émouvoir les associations de protection de cailloux qui ont fait pression auprès de leurs élus et du Louvre pour obtenir qu'enfin cesse cette odieuse exploitation. La victoire est là, mais elle est douce-amère : combien de cailloux ont péri, combien ont souffert avant que les autorités n'agissent enfin ?

Pour aider les survivants et faciliter leur réinsertion, nous annonçons la création d'un grand centre d'accueil à Limoges, dans notre propriété : le Grand Centre Caillounac. Les cailloux y seront soignés, pourront retrouver d'autres survivants de leur famille, recevront du soutien et une éducation pour se réinsérer dans la caillouctivité s'ils le souhaitent, ou bien ils pourront rester chez nous aussi longtemps qu'ils le désireront. N'hésitez pas à nous envoyer tous les cailloux errants que vous trouverez. Nous vous donnerons un écu pour chaque caillou sauvé.

Allez, caillou d'avril !

Arnauld, pour l'AAP

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Article validé par Arnauld Cassenac, Rédacteur en Chef de la KAP France.
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