Limoges (AAP) – C’est dans un atelier des plus atypiques que nous avons rencontré l’inventif propriétaire de la boutique limougeaude "Le Brick à Broque". Samuel Axe, puisque c’est son nom, a bien voulu nous accueillir au milieu de ses drôles d’engins. Âmes sensibles s’abstenir !

AAP : Maître Samuel Axe, artisan en torture. On peut dire que ce n'est pas un métier très répandu. Trouver un nom adéquat, d'ailleurs, nous a donné un peu de fil à retordre. Avec quoi pouvions-nous hésiter ?

Samuel Axe : A vrai dire, le terme d'artisan en torture fait penser au bourreau, et c’est un métier que d’autres gens font très bien. Je qualifierais plutôt mon activité de création de divertissement d'utilité publique : non seulement on aide les gens à retrouver le droit chemin ou à débarrasser la société de vermines, mais en plus cela permet aux clients de faire monter en flèche leur cote de popularité auprès de la foule. En gros, je fabrique du divertissement.

AAP : Vous fabriquez du divertissement... C'est une jolie idée, bien que je doute que le spectacle soit vraiment "joli". Pourriez-vous, pour le lecteur innocent et pour moi-même, être un peu plus explicite sur la nature de ce que vous créez ?

Samuel Axe : Eh bien je suis au départ charpentier-menuisier, mais pour diversifier mon offre de produits, je fabrique des instruments de torture. Du moins la torture est-elle leur fonction première – car à n’en pas douter certains particuliers les utilisent à titre ludique, si vous voyez ce que je veux dire. En tout cas chaque pièce produite est unique et construite à partir de bois limougeaud.

AAP : Pouvez-vous nous en présenter quelques-unes ?

Samuel Axe : Oh mais bien sûr avec grand plaisir, j'ai quelques pièces en exposition. Alors ici nous avons un magnifique pilori 100% pur chêne limougeaud, un produit basique qui a toujours un franc succès. Bien sûr il y a différentes finitions possibles, comme le contour des poignets rembourré et en cuir, une sorte de version grand luxe.
Ici nous avons certainement mon préféré, je l'ai nommé le déconstipateur, alias le berceau de Daju. [L’engin qu’il montre ressemble à un trépied surmonté d’une pyramide en bois, ndlr] Ça permet de délier les langues et il paraît que ça a des vertus thérapeutiques, ce serait plus efficace qu'un laxatif. J'avoue que ça ne connait pas un franc succès, sûrement le fait de bien le nettoyer après chaque usage, et ça nécessite pas mal de lubrifiant pour que ça rentre bien.
Par là nous avons la croix de Saint André, ça a un franc succès avec les ecclésiastiques, un bon moyen d'expier les péchés paraît-il. Comme vous voyez toujours en bois de chêne, ça vieillit parfaitement bien et la douleur du pécheur donne une patine au bois vraiment sympa.

AAP : Hum, sympa, une question de goût j'imagine... Vous avez l'air passionné par ce que vous faites. Comment vous en est venue l'idée ?

Samuel Axe : Hmm c'est une bonne question ça ! Je ne saurais dire exactement, mais je crois que c'est venu à l'époque où le Limousin était troublé. A vrai dire je trouvais la justice bien trop clémente avec la vermine au regard des crimes commis, et je me suis donc dit : pourquoi ne pas proposer une alternative aux simples condamnations en prison ou aux piètres amendes ? Vous offririez, vous, un séjour à l'hôtel aux criminels ? Et faire payer une prune aux insolvables ? C'est un peu ironique comme situation ! Vous ne trouvez pas ? Une bonne correction, rien de tel pour retrouver le droit chemin. D'ailleurs vous connaissez Vera, la curée de Limoges, depuis qu'elle a souscrit à la croix de Saint André, elle file dans le droit chemin sans plus aucune tentation pour plonger dans le vice.

AAP : Vous ne doutez jamais des vertus de la torture ? Vous n'avez jamais eu aucun retour négatif, une utilisation qui aurait mal tourné, un... futur arpenteur du droit chemin qui se serait retrouvé sur celui de la mort ? Ou peut-être cela ne vous inquiète-t-il pas, tant que le divertissement des foules est là ?

Samuel Axe : Ah les vertus de la torture, j'en doute pas, c'est efficace ! Il n'y a que deux solutions possibles, soit la rédemption, soit la mort, et je dirais que c'est le Très Haut qui choisit pour vous à travers la main du bourreau. Concernant les utilisations qui auraient mal tourné, c'est souvent dû à un usage inapproprié, et ce n'est pas faute de fournir un mode d'emploi, mais certains ne prennent pas le temps de lire. Par exemple je connais un particulier qui a acheté un pilori pour sa femme pour pimenter leurs ébats mais, pauvre femme, ses cervicales ne s'en sont jamais remises. Après je ne me fais aucun souci, ce sont des cas minoritaires, la majorité des clients sont satisfaits et contents du spectacle offert. En même temps, ils n’ont pas le choix. Je ne rembourse pas, ni ne reprends les instruments vendus.

AAP : Il faut bien faire marcher votre commerce... D'ailleurs, si d'autres artisans veulent suivre votre voie, quels conseils auriez-vous à leur donner ?

Samuel Axe : Je dirais qu'il faut être imaginatif et surtout persévérant car fabriquer c'est bien mais vendre c'est mieux ! Il faut être très patient et s'adapter aux demandes des clients. D'ailleurs il semblerait que les classiques reviennent à la mode. A tous ceux qui souhaiteraient se lancer, je conseille d'avoir une activité annexe, histoire de pouvoir vivoter.

AAP : Une remarque ou une anecdote pour conclure ?

Samuel Axe : N'hésitez pas à faire appel à mes services, la boutique est ouverte !

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Et vous, quel métier exercez-vous ? Alimentez la F.A.I.M., écrivez à Arnauld Cassenac !

Arnauld, pour l'AAP

Le Brick à Broque : https://forum.renaissancekingdoms.com/viewtopic.php?t=2367922