[Suite à une erreur de la journaliste, la première parution de cet article était plus ou moins illisible. Elle s'en excuse auprès des lecteurs.]
Paris (AAP) - Dans cet article, il sera question d'une quasi-légende urbaine, celle des fameuses « Listes », celles dont on entend parler dans les tavernes, avec souvent de la crainte dans la voix... Celles dont il parait que des copies circulent furtivement : d'aucuns affirment avoir vu certaines de ces copies, avec "plus de 1600 noms" !
Au départ, il s'agit d'une seule et unique liste : la « Liste des brigands & suspects des offices royaux », selon la dénomination officielle. Cette liste est ensuite partagée et diffusée au sein des différentes administrations compétentes, jusqu'à devenir « les Listes ». Dame Sebelia Querini, ancien Gouverneur d'Orléans, nous explique qu'elles "permettent aux diverses provinces par le biais de leurs institutions internes telles que les douanes ou la maréchaussée, ou encore des Grands Offices de la Curia tels que la Grande Prévosté ou la Connétablie, de repérer et de suivre les mouvements d'individus potentiellement dangereux et d'organiser une défense conséquente".
Comment le nom de quelqu'un s'y retrouve-t-il ? Dame Praséodyme Gazélec, qui nous avoue avoir "l’Honneur d'y figurer", nous confie qu'"y sont notés les prises de château, les pillages de mairies, les brigandages et autres activités délictueuses. Sont notés aussi l’appartenance aux bandes organisées". Toutefois, il arrive aussi à certains malchanceux de se retrouver listés par la faute d'un service administratif quelconque, suite à une banale faute d'orthographe, à une homonymie malvenue, voire même sur une simple supputation...
Pour la dame Praséodyme "ces listes de brigands sont à la fois une réalité et un mythe". Une réalité, car on vient de le voir, ces Listes existent. Mais aussi un mythe. Car leur sinistre réputation n'est pas toujours justifiée. Messire de Colmarker, à la tête de la Connétablie de France (Office de la couronne chargée de la sécurité et du renseignement dans le Domaine Royal) nous affirme qu'"en général ces listes sont des listes de surveillances". Ainsi, contrairement aux rumeurs qui circulent, les personnes listées ne sont pas fauchées de façon systématique, fait que nous confirme en effet dame Praséodyme, pour qui ces listes "peuvent être parfois gênantes, mais pas forcément très dangereuses". Toutefois, un tel listage n'est pas sans conséquence : impossibilité d'accéder à certains postes de pouvoir par exemple, ou bien d'autres soucis. Ainsi, Sa Grandeur Manon de Calderon, listée pour erreur orthographique, témoigne que "ce listage inopportun [lui] portait préjudice alors que [elle] essuyait des refus d'accostage per ce motif".
Jusqu'à présent, l'inscription sur ces listes de brigands semblait tout simplement définitive, contrairement aux "Félons, Ennemis et Traites à la couronne [qui] ont la possibilité de faire un plaid pour se faire réhabiliter" constate le Connétable de Colmarker. Ce dernier a donc initié, sous le règne de feue sa Majesté Rose de Leffe, le projet du « Bureau des Justes », projet qui a finalement vu le jour le 12 septembre 1467 après avoir été validé par Sa Majesté Leyah de Varenne. Ouvert au sein même du Palais du Louvre, le Bureau des Justes est accessible à quiconque désire savoir si son nom se trouve sur la Liste, et souhaitant, le cas échéant, l'en faire retirer.
La démarche est aisée, puisqu'il suffit de se présenter au Bureau pour y remplir un « Formulaire de demande de retrait des Listes ». Dame Daisy, Maréchale des Provinces du Sud, et Dame Anastasie de Clairesses, Maréchale des Frontières, vérifient que le dit-formulaire soit correctement rempli.
Une enquête est alors lancée afin de vérifier les faits, auprès la Connétablie, La Grande Prévôté de France, la Chancellerie et les Feudataires. En parallèle, le Bureau des Justes étant ouvert à tous, n'importe qui peut venir y apporter un témoignage, à charge ou à décharge. Les résultats de cette enquête sont ensuite analysés par le Connétable et les Maréchaux de France au cours de délibérés qui, tout comme l'enquête, restent confidentiels. Dans le cas d'une conclusion favorable, le rendu de décision est par contre publique et affiché dans l'Antichambre du Louvre, au bureau des Registres et Annonces de la Connétablie, puis diffusé dans les différentes provinces royales par les Secrétaires d'État.
Mais tout le monde n'obtient pas satisfaction. En cas de conclusion défavorable, les raisons sont expliquées en privé au demandeur, et aucune annonce n'est publiée. La Maréchale Daisy justifie ce choix : "le but de cet exercice n'est pas de juger qui que ce soit, et surtout pas en place publique, mais davantage d'accompagner les personnes dans leurs cheminements". Néanmoins, certains déboutés ressentent ce refus comme une injustice. Tel est le cas du Seigneur Lormet Amauri de Lédenon qui déplore que "d'autres, ayant commis forfaits autrement plus importants que le mien, ont vu leur nom lavé avec une rapidité qui m'avait laissé espérer la même célérité pour mon cas. Force est de constater que je me suis trompé".
La durée de traitement d'un dossier est variable, selon l'ampleur de l'enquête à mener. Mais, le Connétable affirme faire "[son] possible pour ça aille vite et que les gens soient rapidement fixés sur leur sort". Les premières demandes ont été traitées en 25 jours maximum entre le dépôt de la demande et le rendu de décision.
Quoi qu'il en soit, le Bureau des Justes permet aux personnes listées d'espérer un renouveau qu'ils n'attendaient plus. Ainsi, les "listés par erreurs", comme les anciens petits brigands ou autres coquins n'ayant pas l'envergure d'un félon à la Couronne de France, peuvent désormais aspirer à un nouveau départ.
Danelle, pour l'AAP.
Bureau des Justes, au Palais du Louvre :
http://forum.renaissancekingdoms.com/viewtopic.php?t=2409306
Bureau des Registres et Annonces de la Connétablie :
http://forum.renaissancekingdoms.com/viewtopic.php?t=783515