Chambéry (AAP) - C'était un beau dimanche d'octobre pluvieux, alors que l'Aurore aux doigts de fée venait tout juste de poindre à l'horizon, et que, comme le dit si bien Esope, Janneot Lapin lui faisait sa cour parmi le thym et la rosée. J'étais dans mon jardin à soigner mes légumes, ma vigne, et la fleur de Sainte Gudule à la pourpre parure, lorsque je vis soudain un oiseau ducal. Il volait à tire d'ailes, passant sur mon jardin, à portée d'un jet de pierre. C'était une buse -ou un pigeon, je ne saurais le dire. Toujours est-il que l'oiseau messager tenait une annonce dans ses longs doigts crochus.

Le volatile aussi me vit. Il se mit alors à décrire au-dessus de ma tête une série de cercles concentriques toujours plus resserrés, jusqu'à ce qu'il fut juste placée à ma perpendiculaire. Il lâcha l'objet, vous devinez le reste. Puis l'animal partit avec un air d'ironie sur la figure, ce genre d'expression insupportable que vous surprenez parfois sur le visage de l'un de vos créanciers, et qui vous donne une furieuse envie de diviser votre dette par deux pour le punir de son irrévérence.

Puis, j'ouvris le message que m'avait envoyé le Ciel.

Maia Laskarina d'Alaya, dicte Mini, était enfin duchesse, entourée de ses fidèles pépites. Après des années de vaines tentatives et de stratagèmes alambiqués, et malgré un score minoritaire aux dernières ducales, elle venait d'en fin poser son charmant popotin sur le trône savoyard, malgré la farouche résistance que lui opposait ses discrets adversaires adeptes du secret et de la non-communication, plus ou moins parties liées de ces obscurs ordres militaro-religieux qui dans l'ombre croient tirer les ficelles mais ne tirent en réalité que sur la corde qui finira par les pendre eux-mêmes. Dont acte.

Que pouvais-je en penser ? Était-ce une mystification d'un noble du ban plus imaginatif que moi, qui se payait ma tête en se vengeant d'une injure que j'aurais pu commettre de par le passé à son égard ? Oui, mais qui ? Lequel d'entre eux ? La plupart ne savent pas aligner deux mots de français correctement. Était-ce le fait d'un obscur ordre pseudo-chevaleresque qui délivrait sous le manteau quelque terrible secret codé, ou qui exorcisait ses démons, bien à l'abri, à la faveur d'un amusant pseudonyme ? Était-ce un politique du conseil, qui dénonçait les travers et les mœurs du duché ? Ou bien les élucubrations d'un ésotériste de bazar qui voulait attirer l'attention sur lui pour augmenter le tirage de l'Éditeur ? Enfin, peut-être s'agissait-il vraiment d'un petit miracle venu d'ailleurs, du Soleil ? Ou bien, qui sait, tout cela à la fois ?

Et s'il y a un message, quel est-il, et à qui s'adresse-t'il ? C'est pour moi, je l'avoue, un grand mystère. Il y a vraiment de quoi y perdre son latin ! Je défie quiconque de m'expliquer ce que ce résultat électoral signifie. Ce qui est sûr, c'est que Grand Ordonnateur connaît son affaire, et qu'il a quelque chose à nous dire de plus profond que le fait que tout finit par arriver, stricto sensus.

Car après tout, posséder des connaissances primordiales à la vie du duché et les cacher volontairement au reste du peuple n'a d'autre but que de maintenir sa supériorité sur le restant de la population, et l'amener à adopter la conduite qu'on veut la voir adopter. C'est à mon sens un vil procédé. D'ailleurs tout ce qui est hermétiquement clos finit un jour par s'éteindre, étouffé dans et par son secret. Preuve en est le destin de la Savoie ce jour. La survie d'un mouvement, quel qu'il soit, est dans sa propagation, donc son partage. A bon entendeur...

Sagesse... et Paix à vous tous !

Phaco, pour l'AAP agence Tamise, Escaut, Meuse, Saône, Rhône et Pô

Et pépites hourra !
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