Genève (AAP) - « Des traités de paix ouverts, après lesquels il n'y aura ni action ou décision privée d'aucune nature, mais une diplomatie franche et transparente » : voila bien tout l'inverse de la diplomatique impériale. Diplomatique et rien d'autre : la chancellerie de Sa Majesté restant débordée à buller de jolies chartes ornées d'enluminures et d'amples sceaux. Et pour les trucs importants ? Tout est reclus à l'ombre, entre pigeons.

Genevois et Annecéens en font une nouvelle fois les frais. Dieu sait pourtant que ce n'est pas faute d'avoir annoncé le retour du félin. Séculière depuis le printemps 66, le renouvellement de l'investiture du diocèse était affiché. Les deux précédentes s'étaient réglées sous la table entre une République de Genève ombrageuse et un Empereur allemand soucieux de ne pas se mouiller. Un coup pour les Réformés, le suivant pour les Romains. Charlotine d'abord, Quentin ensuite.

Quid de la suite ? L'Empereur a changé, l'eau a coulé sous les ponts et Rome est restée aigrie par ce qu'elle a interprété comme une capitulation impériale et une offense à sa propre dignité. Intarissables, des prélats des plus immaculés ahanaient auprès de Sa Majesté Impériale, à rendre cet agrément caduque en en sabotant toute publicité, laissant boueux le terrain d'entente.

Et pour les paroissiens ? Tant à Genève qu'à Annecy, on s'est soigneusement soucié pendant 8 mois de ne jamais mettre le feu aux lacs. Nul pet ni veto de travers. En gros, Annecy a disparu de l'histoire et Genève s'est profondément emmerdée au point de s'élire un curé romain l'automne dernier. Et même.

Quid là ? Patatras ! La diplomatie des pigeons hérita de ses fientes : du délicat arpège império-genevois, il ne resta bientôt plus que les flatulences. Dans l'expectative d'une publication propre, enluminée et scellée si chère pourtant à la Chancellerie d'Aix, les Réformés genevois fermentaient. On ne vit rien venir. « On va se faire refaire en douce entre calotins et parfumés, faudra pas qu'ils viennent pleurnicher ensuite ! » nous déclarait ronchon un protestant sur la grève.

Depuis deux semaines, les sicaires du Lion de Juda ont repris la main. Une armée léonine campe au milieu des coffres de Quentin le Romain. 750 écus ont été saisis, les placards affichés. Las des atermoiements de Thibaud n°1 soucieux surtout de ne pas faire de vaguelettes et des intrigues Romaines jamais rassasiées, Cromwell, capitaine du canal historique, prévient platonique : « le Lion ne dort jamais que d'un œil ».


iZaac pour l'AAP agence Meuse, Saône & Rhône

[RP] Le Lion ne dort jamais que d'un Å“il.
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