Paris (AAP) - Il est des formules qu'il est parfois bon de dépoussiérer. Celle-ci nous ramène presque treize ans en arrière, en 1454. La Fronde gronde en Champagne, menée par le Duc Caedes, contre Sa Majesté Levan III.

À l'époque, le premier ne reconnait pas au second l'autorité royale, au motif que Lévan n'a jamais été sacré à Reims. La guerre fera rage entre les Frondeurs et les Royalistes, mais Levan III sera oint finalement par l'Ampoule Sacrée, conservée à Reims par les chanoines de Saint Rémi. Si beaucoup n'ont vu là qu'un caprice d'un certain nombre de champenois, il faut toutefois creuser un peu plus loin pour comprendre que le Duc Caedes souhaitait apporter une cohésion au Royaume, par une autorité forte, celle de la Royauté liée à la Religion (avec un grand R).

Lorsque Levan III se retire finalement du trône royal, les souverains souhaitant un sacre, en souvenir de Charlemagne et de cet événement qui aura marqué durablement l'Histoire, conserveront cette tradition de se rendre à Reims.

Sa Majesté Rose de Leffe a, par contre, décidée d'être sacrée à Paris, à Notre-Dame, parce qu'elle venait de s'y marier, assujettissant l'histoire royale à ses caprices personnels. Son soutien de l'Ordonnance de Tours, ayant retiré bien du pouvoir à Rome, a fait que l'Assemblée des Évêques de France a décidé de ne pas autoriser ce sacre, sauf si elle revenait sur ce qu'elle avait pu signer quelques mois plus tôt en tant que Dauphine de feue Alvira.

L'histoire aurait pu donc s'en arrêter là, mais Son Éminence Hull s'en est mêlé, promettant ce fameux sacre à Paris, en échange d'une promesse de révision de l'Ordonnance de Tours, bafouant la tradition tant française que romaine. À se demander vraiment à quoi servent les Cardinaux si ils ne veillent pas au respect du Dogme et du Droit Canon... Selon nos sources, l'Assemblée des Évêques de France s'est alors scindée en deux camps, les partisans du compromis et les autres, perdant toute possibilité d'opposition face à l'initiative personnelle du Cardinal.

Concernant la Sainte Ampoule, elle restera à Reims, sagement, attendant le prochain régnant qui saura respecter la tradition aristotélicienne. Si les autres empereurs se contentent du Saint Chrème des Évêques, n'ayant pas à disposition de reliques dignes de la Sainte Ampoule, ce n'est pas le cas des Roys de France. En effet, l'onction du souverain par l'huile sainte est ce qui distingue le Roy français des autres souverains européens.

Fallait-il donc fouler au pied une tradition vieille de 650 ans, ainsi que le Droit Canon Romain, pour une Reyne capricieuse dont les promesses n'engagent que ceux qui y croient ? L'AAP ne se permettra pas de répondre à cette question, mais invite ses lecteurs à y réfléchir.

Raymond de Pétrus, pour l'AAP